Des collégiens dans la peau d’experts de la police scientifique grâce au Fonds Vittorio Luzzati

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Visite de collégiens au Département de chimie moléculaire / Géraldine Fabre - UGA
Visite de collégiens au Département de chimie moléculaire / Géraldine Fabre - UGA
Cet hiver, une centaine d’élèves du collège Les Dauphins à Saint-Jean-de-Soudain ont visité le Département de Chimie Moléculaire. Ils avaient rendez-vous avec Yves Gimbert et son équipe dans un but bien précis : faire analyser des morceaux de verre pour tenter d’élucider un crime commis au collège… Ce projet pluridisciplinaire, porté par Fanny Devois, professeur de physique-chimie, fait partie des 12 projets lauréats du Fonds Luzzati de la Fondation UGA, dont l’objectif est d’offrir aux élèves de l’Académie de Grenoble un accès privilégié à la recherche et la culture scientifique.

Enquête au collège : mais qui a tué Sir James Stodd ?

Quelques semaines plus tôt, le 15 octobre à 7h pour être précis, Sir James Stodd, chimiste de l'université Northwestern près de Chicago, avait été retrouvé mort dans un bureau du collège.
Lauréat du prix Noel 2016 pour ses travaux en chimie supramoléculaire, ce éminent scientifique avait été invité, dans le cadre de l’année de la chimie, à donner une conférence au collège pour parler de ses recherches et répondre aux questions des élèves. Il était arrivé le vendredi 13 octobre et s’était isolé dans une salle pour préparer son intervention. Le rapport d’autopsie fait état de blessures par balle…
Pour mener l’enquête, aidés par les gendarmes de l’Institut de recherche criminelle de la Gendarmerie nationale (IRCGN), les élèves des cinq classes de 3e ont dû se glisser dans la peau de véritables techniciens d’investigation criminelle. Ils ont eu quelques jours pour récolter tous les indices sur la scène de crime. Et si le meurtre est factice, les techniques, elles, sont bien réelles : relevés d’empreintes digitales, mesure de la trajectoire de la balle, analyse des éclaboussures de sang, moulages de traces de chaussures, authentification des preuves… Pour cela, les élèves avaient suivi une petite formation avec les gendarmes de la Tour-du-Pin. Ils avaient aussi à leur disposition du matériel professionnel, notamment une mallette balistique acquise par le collège grâce à une sélection il y a deux ans lors de l’appel à projets "sciences à l’école".
"Tous les indices récoltés vont ensuite être analysés dans les différents cours" raconte Fanny Devois qui a réussi pour la troisième année à impliquer tous ses collègues dans la mise en scène.

Un projet pluridisciplinaire qui implique toutes les matières

Ce projet de police scientifique est un EPI, un enseignement pratique interdisciplinaire. "L’intrigue change chaque année mais toutes les matières sont impliquées" explique Fanny Devois. "C’est un bon moyen de faire le lien entre toutes les disciplines". Et en effet, en physique-chimie, il sera question de balistique. En biologie, les élèves s’intéresseront aux empreintes digitales, aux cheveux et aux groupes sanguins. En mathématiques, ils chercheront à déterminer la taille du coupable. En technologie, ils reconstitueront la scène de crime en 3D et analyseront l’ordinateur de la victime. En français, ils rédigeront des interrogatoires et un journal d’enquête. En anglais et espagnol, ils traduiront des documents figurant parmi les indices. En arts plastiques, ils dessineront un portrait-robot à partir des vidéos de surveillance. En éducation physique et sportive, ils reconstitueront la lutte à partir du rapport d’autopsie. Et à la fin, le coupable démasqué, il y aura même un procès.
"Les élèves de 3e doivent trouver le coupable qui sera ensuite jugé par les élèves de 4e lors d’un procès préparé en cours d’éducation civique. Les élèves de 3e y témoigneront en tant qu’experts." détaille Fanny Devois.
Au total, ce Cluedo géant implique 300 élèves et 20 professeurs.

Du collège au laboratoire

Le projet, monté en 2016, fait partie des premiers lauréats du Fonds Luzzatti, lancé en 2018-19. "Grâce au financement du Fonds Luzzati, nous avons pu cette année organiser des sorties pédagogiques avec nos élèves. L’objectif est aussi qu’ils puissent découvrir ce qu’est un laboratoire de recherche comme le DCM, ce qu’on y fait et quels sont les métiers associés. De quoi susciter peut-être des vocations" explique Fanny Devois. "Aujourd’hui, nous sommes là pour analyser un indice retrouvé sur la scène de crime : des morceaux de verre. La spectrométrie de masse devrait nous permettre de retrouver les molécules qui les compose et d’identifier l’objet dont ils proviennent…"



Et en effet, les analyses au Département de Chimie Moléculaire (DCM - CNRS / UGA) ont révélé qu’il s’agissait d’un polymère utilisé dans la fabrication de verres de lunettes. Avec ce nouvel indice et grâce à un partenariat avec Arkema, les élèves iront donc à Pierre-Bénite visiter une plateforme de production située.
L’enquête continue…

Douze projets sélectionnés

Pour sa première année, le fonds Luzzati soutient douze projets, sélectionnés suite à un appel à projets lancé auprès des collèges et lycées des cinq départements de l’Académie de Grenoble. Ce fonds, créé grâce à une donation privée de la Famille de vittorio Luzzati, offre ainsi à près d’un millier d’élèves et leurs enseignants l’opportunité de mener un projet scientifique dans leur classe, en lien avec des acteurs de la recherche et de la culture scientifique.
Les élèves pourront expérimenter par eux-mêmes la démarche scientifique et découvrir l’univers de la recherche par des visites de laboratoire. La plupart de ces projets doivent déboucher sur de belles réalisations à diffuser, qu’il s’agisse du tournage d’un documentaire, du montage d’une exposition, de la rédaction d’un carnet d’explorateur, d’articles de vulgarisation ou de nouvelles de science-fiction.
 

Publié le5 février 2019
Mis à jour le5 février 2019