Les femmes rattrapent peu à peu leur retard sur la pratique sportive mais leurs performances restent toujours en-dessous de celles des hommes.
"Si l’on compare les records des athlètes internationaux, on observe des différences de 10 à 15% en faveur des hommes" relève Michel Guinot, médecin du sport dans l’Unité sport et pathologies au CHU Grenoble Alpes. Pourquoi ? D’abord pour des raisons anatomiques et physiologiques.
Pour produire de l’énergie, les muscles ont besoin d’oxygène, transporté par le sang. Or, la taille du coeur, le volume sanguin total et le taux d’hémoglobine, protéine transportant l’oxygène, sont plus faibles chez la femme que chez l’homme. Inévitablement, les quantités de sang éjecté à chaque battement et d’oxygène apporté aux organes et muscles actifs sont plus faibles chez la femme. Et avec une consommation maximale d’oxygène (la VO2max) plus faible, la femme est désavantagée physiologiquement. Hommes et femmes ne sont pas non plus égaux si l’on compare leurs masses musculaires et leurs masses grasses. La masse musculaire constitue en moyenne 35% de la masse totale d’un homme, contre 28% chez la femme. Ce qui explique la supériorité masculine dans des sports nécessitant force, intensité, puissance… La masse grasse d’une femme atteint en moyenne 20% contre 13% chez un homme. Des différences dues aux hormones : chez la femme, oestrogène et progestérone augmentent la masse grasse, tandis que chez l’homme, la testostérone, dix fois plus présente que chez la femme, joue un rôle anabolisant, c’est-àdire favorisant le gain musculaire. "Le rapport poids-puissance est forcément défavorable aux femmes dans les disciplines d’endurance. Mais a contrario, leur masse grasse plus importante est un avantage pour les épreuves de très longue durée" nuance Michel Guinot.
Ces différences biologiques pénalisant les femmes conduisent à admettre que la catégorisation sexuée des épreuves de haut niveau, imposée dans toutes les disciplines, est finalement biologiquement justifiée sans quoi les femmes n’auraient aucune chance de gagner quoi que ce soit… Vraiment ? Même quand il s’agit de viser et appuyer sur la détente d’une carabine ? Ou de mettre une balle de golf dans un trou ? Ou de toucher un adversaire avec un fleuret ? Et pourtant, aux JO, seule l’équitation offre aux hommes et aux femmes l’occasion de s’affronter.
Plus performants. Oui, mais en moyenne !
Les meilleures performances féminines arrivent généralement à 90% des records masculins, une limite qui semble bien, biologiquement, indépassable. Soit ! Mais on parle là de sport de haut niveau. Qu’en est-il en club et à l’école ? "Si vous prenez un groupe de garçons et un groupe de filles, vous allez observer qu’au même âge, les garçons sont en moyenne plus performants que les filles. Mais dès que l’on regarde la distribution des garçons et des filles autour de la moyenne de leur groupe, on constate des chevauchements très importants pour toutes les compétences physiques : vitesse, force, distance de lancer, même endurance" explique Aïna Chalabaev, enseignante-chercheuse UGA en psychologie sociale du sport, directrice du laboratoire Sport et environnement social (SENS). "Les hommes sont plus performants… Oui, mais en moyenne ! La variabilité n’est jamais prise en compte alors qu’elle devrait l’être" insiste la chercheuse. Et Natalia Bazoge de compléter : "En EPS, au collège ou au lycée, il n’y a pas de raison d’appliquer un barème différent pour les filles et les garçons. Le facteur d’entrainement joue un rôle tellement important pour la performance, qu’une fille qui pratique un sport à l’extérieur sera meilleure qu’un garçon qui n’en fait pas du tout. Très vite, c’est ce facteur qui va prendre le dessus sur les déterminants biologiques."
Mais le mal est fait, car le problème avec cette catégorisation sexuée dans le sport, c’est que les hommes dans leur ensemble sont toujours et naturellement considérés comme supérieurs. «Et on ancre ces stéréotypes chez des élèves, alors qu’ils ne se justifient pas» déplore la chercheuse.