Départ imminent pour Expedition 5300

Sciences et technologies Article
Fin janvier, une équipe de scientifiques grenoblois se rendra dans la ville la plus haute du monde, La Rinconada au Pérou située à 5300 m d’altitude. Ils doivent y étudier les mécanismes d’adaptation physiologique développés par ses 50 000 habitants, exposés en permanence à un taux d’oxygène aux limites de la tolérance humaine.


À quelques jours du départ d’Expedition 5300, lors d’une conférence de presse, Samuel Vergès, chercheur Inserm, physiologiste de l’exercice au sein du laboratoire "Hypoxie et physiopathologies" (HP2 – Université Grenoble Alpes / Inserm) et porteur du projet, a présenté les objectifs de cette expédition scientifique, un des projets phares de la Chaire "Altitude montagne santé" de la Fondation Université Grenoble Alpes.

Les objectifs scientifiques d’EXPEDITION 5300

Au-delà de 5 000 m d’altitude, on considère que la pression atmosphérique n’est plus suffisante pour permettre une vie humaine permanente. Pourtant, dans les Andes péruviennes, à 5300 m, les 50 000 habitants de La Rinconada, hommes, femmes et enfants, vivent et travaillent toute l’année, exploitant principalement des mines d’or creusées dans la montagne. Cette population constitue en apparence, une anomalie scientifique que Samuel Vergès et son équipe aimerait bien comprendre.

"L’accès à la Rinconada est, d’un point de vue scientifique, une occasion exceptionnelle" rappelle Samuel Vergès. "C’est la première fois qu’une équipe de chercheurs est autorisée à y mener une étude."

Du 28 janvier au 3 mars 2019, une quinzaine de chercheurs français accompagnés de collaborateurs italiens et canadiens se rendront au Pérou pour réaliser tests, mesures et prélèvements sur 80 péruviens volontaires : 20 à Lima (niveau de la mer), 20 à Puno (3800 m) et 40 à La Rinconada (5300 m). Pour cela, les scientifiques monteront et déplaceront un laboratoire éphémère de physiologie et biologie humaines leur permettant entre autres de réaliser des mesures hémorhéologiques (viscosité sanguine, anatomie des globules rouges), de déterminer l’interaction entre les modifications hématologiques et les fonctions vasculaire, pulmonaire, cérébrale, etc. et de déterminer le rôle des perturbations du sommeil (apnée) dans l’état de santé de ces habitants.

"Notre objectif est double : phénotyper pour la première fois la plus haute population au monde sur le plan génétique, hématologique et cardiovasculaire mais aussi déterminer les facteurs de tolérance et d’intolérance à l’hypoxie parmi les habitants de la Rinconada" détaille Samuel Vergès. À terme, les chercheurs espèrent ainsi réussir à définir les prises en charge médicales les mieux adaptées pour ces habitants.

L’hypoxie est une condition potentiellement délétère pour l’organisme, voire fatale, dont souffre à la fois les personnes en altitude mais également de nombreux malades dans nos hôpitaux. Comprendre comment l’organisme humain peut se défendre contre le manque d’oxygène, déterminer pourquoi certaines personnes n’arrivent pas à développer de tels mécanismes, identifier des moyens permettant d’aider à mieux tolérer le manque d’oxygène, sont autant d’enjeux essentiels tant pour les personnes se rendant ou résidant en haute altitude que pour le traitement des malades dans nos villes de plaine.

Une expédition à forte dimension humanitaire



Lors de leur mission de reconnaissance, les chercheurs ont découvert les conditions sanitaires extrêmement difficiles dans lesquelles vivent les habitants de la Rinconada.

Cette cité construite à flanc de montagne a connu un développement important mais anarchique ces deux dernières décennies. Sa population a doublé, grâce à une économie basée principalement sur l’exploitation de mines d’or. Mais malgré l'essor aurifère, la ville ne dispose aujourd’hui toujours pas d’eau courante, ni d’égouts, ni de collecte des déchets… Quasiment tous les habitants travaillent dans les mines exploitées 24h sur 24. Ils ne perçoivent comme salaire que l’or qu’ils découvrent le dernier jour du mois et qu’ils purifient eux-mêmes chez eux avec du mercure. Pollution et insalubrité mais aussi insécurité sont donc le quotidien de ces péruviens.

Au-delà de l’aspect scientifique, l’Expédition 5300 aura donc aussi une dimension humanitaire et sanitaire importante dans l’optique d’améliorer les conditions de vie des habitants de La Rinconada.

En parallèle du projet scientifique en lui-même, Expedition 5300 rassemble les compétences et acteurs nécessaires (ONG, etc) capables d’apporter un soutien logistique et humain répondant aux besoins de la population de La Rinconada, que ce soit en termes d’équipement médical, de formation des soignants, d’actions auprès des écoles...

Expedition 5300 vise donc aussi à :
  • Faire connaître au grand public cette ville afin de mettre en valeur les spécificités physiologiques et humaines que ses habitants ont développées ;
  • Permettre aux habitants et aux personnes en charge de leur santé d’accéder plus facilement à l’information concernant le manque d’oxygène et fournir du matériel pour en soigner les symptômes.

L’alpiniste Lionel Daudet, ambassadeur d’Expédition 5300



Alpiniste français de renommée internationale, Lionel Daudet s’associe à l’aventure scientifique et humanitaire d’Expedition 5300 en devenant ambassadeur du projet.

Cet aventurier engagé et proche de la nature passe sa vie à tracer des voies extrêmes dans de grandes faces rocheuses et à relever des défis hors norme. Avec une audace sans limite et le goût de l’exploration, il gravit les plus belles parois du monde. En 2000, il obtient, pour l'ascension de la face Sud-Est du Burkett Needle en Alaska avec Sébastien Foissac, le prestigieux prix "Piolets d'Or", récompensant les ascensions exceptionnelles.

Ambassadeur d’Expedition 5300, Lionel Daudet apportera toute son expérience des expéditions en milieu hostile. Il sera également un excellent relais pour soutenir et présenter ce projet auprès du public.

Le calendrier de l’expédition


 
Publié le10 janvier 2019
Mis à jour le27 avril 2022