La 20e édition de la Semaine du Cerveau s’est terminée le 18 mars. À Grenoble, cette édition 2018 s’est interrogée sur notre perception du temps, de la musique et du mouvement, sur nos rythmes de vie, le fonctionnement de notre mémoire et l'impact de certaines maladies neurodégénératives.
Qu’est-ce que le temps ? Comment notre cerveau le représente-t-il et le mesure-t-il ? Comment notre perception du temps et du mouvement peut-elle être influencée par nos activités, nos émotions, notre âge ou impactée par une pathologie ? Conférences, spectacles, projections, rencontres avec des neuroscientifiques et des patients ont permis d’aborder ces questions de manière ludique et parfois inattendue. Retour sur l’édition 2018 de la Semaine du Cerveau à Grenoble.
Conférence inaugurale à la Mairie de Grenoble le 12 mars 2018. Ouverture de la Semaine du cerveau par Claus Habfast, adjoint au maire de Grenoble.
Inaugurée lundi 12 mars, dans le salon d’honneur de la Mairie de Grenoble par Claus Habfast, adjoint au maire et
Isabelle Le Brun, maître de Conférences à l’Université Grenoble Alpes (UGA), chercheure au
Grenoble Institut des Neurosciences (GIN – Université Grenoble Alpes / Inserm) coordinatrice de l’organisation grenobloise, la Semaine a commencé par une conférence à deux voix de
Denis Perrin, professeur UGA de philosophie et chercheur au
laboratoire Philosophie, Pratiques & Langages (PPL – UGA) et
Chris Moulin, professeur UGA de neuropsychologie et Chercheur au
Laboratoire de psychologie et neurocognition (LPNC – CNRS / UGA / Université Savoie Mont Blanc). Tous deux ont emporté leur public dans un fascinant voyage mental à travers le temps. Denis Perrin a notamment expliqué comment les notions de mémoire et d’imagination étaient liées d’un point de vue philosophique et neuroscientifique, car de manière très surprenante, imaginer le futur et se souvenir du passé repose en réalité sur les mêmes structures cérébrales. Chris Moulin a ensuite décrypté le phénomène très répandu d’"impression de déjà-vu" : une légère illusion perceptive due à un dysfonctionnement temporaire de notre cerveau, qui prouve cependant que notre mémoire fonctionne bien !
Conférence dansée le 13 mars 2018 au CHU grenoble Alpes, avec les danseurs de l'association DaPoPa (Danse Pour Parkinson), pour la plupart atteints par la maladie.
Le lendemain, c’est dans une étonnante conférence dansée que les troubles du mouvement mais aussi les modifications de la perception du temps, dus à la maladie de Parkinson, ont été abordés. Cette soirée, poétique et émouvante, a mis à l’honneur les danseurs de l'association DaPoPa, accompagnés au violon par Éric Seigneuret et au piano par Jean-Guy Passagia, tous les deux neurochirurgiens au CHU Grenoble Alpes.
Bettina Debù, Professeure UGA et chercheure au Grenoble Institut des neurosciences (GIN - UGA / Inserm) a, elle, expliqué les bienfaits d’une activité sportive, comme la danse ou la marche, dans la prise en charge des maladies neurodégénératives. Cette soirée a offert un beau moment de partage avec notamment le témoignage optimiste, plein d'humour et d'auto-dérision, mais poignant de Jean-Guy Passagia, lui-même atteint par la maladie de Parkinson. Elle a aussi réussi à gommer les distinctions entre patients, artistes, médecins, chercheurs.
Projection-débat à Mon Ciné le 14 mars 2018, avec Jennifer Coull et Marion Labouèbe (Laboratoire Litt&Arts - CNRS / UGA), animée par Emilie Cousin (LPNC - CNRS / UGA / USMB)
Partenaire de la Semaine du Cerveau à Grenoble, Mon ciné a accueilli mercredi 14 mars une projection-débat. Le documentaire "Le temps presse" (Xavier Marquis, 2008, Zadig Productions) et le court métrage "La jetée" (Chris Marker, 1962) ont été suivis d’une discussion avec Jennifer Coull, chercheure CNRS au Laboratoire de Neurosciences Cognitives de Marseille et Marion Labouèbe, doctorante en arts du spectacle au laboratoire Litt&Arts de Grenoble (CNRS / UGA). La complémentarité de leurs regards, neuroscientifique et cinématographique, a éclairé la réflexion et les questions du public sur nos rythmes de vie faisant parfois déborder le débat vers des considérations sociologiques.
Margaux Marielle-Tréhouart et Haggai Cohen-Milo lors du spectacle "Lost time to come" à l'EST le 15 mars 2018.
À l'Espace Scénique Transdisciplinaire, jeudi 15 mars, Margaux Marielle-Tréhouart et Haggai Cohen-Milo ont enchanté leur public avec un magnifique duo de danse contemporaine et de contrebasse créé pour l’occasion, intitulé "Lost time to come". Le spectacle a été suivi d’échanges très riches avec les deux artistes et trois neuroscientifiques : Olivier Martin, chercheur UGA au GIPSA-lab (CNRS / Grenoble INP / UGA), Elodie Fino, chercheure CNRS au Grenoble Institut des Neurosciences (UGA / Inserm) et Sophie Donnadieu chercheure de l’Université Savoie Mont Blanc au Laboratoire de Psychologie et Neurocognition (LPNC – CNRS / UGA / USMB).
De gauche à droite : Olivier Martin (GIPSA-lab - CNRS / Grenoble INP / UGA), Elodie Fino (GIN - UGA / Inserm), Sophie Donnadieu (LPNC – CNRS / UGA / USMB), Margaux Marielle-Tréhouart et Haggai Cohen-Milo.
La Semaine du cerveau, c'est aussi des ateliers pour les jeunes, des visites privilégiées, des ressources pédagogiques
Durant la semaine, les neuroscientifiques sont allés à la rencontre des élèves du lycée Argouges décortiquant avec eux les idées reçues sur le cerveau lors d’un "Speed searching". Une centaine de lycéens ont ainsi pu discuter en petits groupes avec Blaise Yvert, Anne Quesnel-Hellmann, Fannie Darlot, Eric Fourneret et Gaëlle Offranc-Piret (BrainTech) Jacques Brocard et Fabienne Agasse (GIN), Emilie Cousin et Erika Godde (LPNC). Des ateliers pour les scolaires ont également été proposés en partenariat avec la MJC Bulles d’Hères.
Durant la semaine, le laboratoire Clinatec (CEA / UGA / CHU GA / Inserm) a ouvert ses portes pour deux visites exceptionnelles, permettant à une quarantaine de personnes de découvrir in situ les travaux de recherche biomédicale menés dans ce centre unique au monde par son expertise et ses équipements.
Dans le cadre d’un atelier proposé par le DFTIP (Département de formations transversales et insertion professionnelle) du Collège doctoral de la Communauté Université Grenoble Alpes, six doctorants (Georgios Christodoulis, Ronak Fezimirkhani, Chhayarith Heng Uy, Hélène Mottier, Flora Moulin et Élise Roger) se sont penchés sur ce que nous savons concernant notre perception du temps. Ils ont regroupés dans un livret ludique et pédagogique leurs trouvailles surprenantes et inattendues. Distribué gratuitement au public lors des soirées, ce livret est également téléchargeable sur le site atoutcerveau.fr avec les autres ressources pédagogiques réalisées lors de la Semaine du cerveau à Grenoble.
Livret présentant "10 altérations de notre perception du temps" réalisé par des doctorants dans le cadre de la Semaine du cerveau 2018 et distribué gratuitement au public lors des soirées
Un succès qui perdure
Mêlant art et science, s’éloignant des formats de conférences classiques, la Semaine du Cerveau a cette année encore séduit son public, notamment lors des deux soirées danse. "Ce format type "spectacle" traduit bien la volonté du comité de pilotage d’aborder les recherches sur le cerveau de façon pluridisciplinaire. Cela permet de réellement mixer les publics, les sensibilités, les points de vues. Sans aucun doute, c’est ce qui nous fait le plus bouger tant dans nos interactions avec le grand public que dans nos questionnements scientifiques" témoigne Isabelle Le Brun.
Le comité d'organisation de cette édition 2018
- Isabelle Le brun et Marie-Jo Moutin (GIN)
- Coriandre Vilain (GIPSA-lab)
- Émilie Cousin, Hélène Lœvenbruck, Marcela Perrone-Bertolotti, Rafael Laboissière, Eve Dupierrix, Brice Passera et Elie Poncet (LPNC)
- Laurent Vercueil et Sylvie Bretagnon (CHU Grenoble Alpes)