Fablab Théâtre : des spectateurs privilégiés à la découverte de la prochaine création de Jean-Francois Peyret
Ils étaient vingt spectateurs chanceux venus à l'EST, ce mercredi soir, pour assister aux premières répétitions du prochain spectacle de Jean-François Peyret.
En résidence à l'EST, durant la semaine du 25 septembre, le metteur en scène et ses comédiens, Jeanne Balibar, Jacques Bonnafé, Joël Maillard et Victor Lenoble, travaillaient à l'élaboration d'un nouveau spectacle intitulé "La fabrique des monstres ou démesure pour mesure" qui sera proposé le 8 et 9 février 2018 à l'Hexagone.
L'improvisation au coeur du processus de création
Lorsque le groupe pénètre dans la salle de spectacle à pas feutrés, Jeanne Balibar est assise sur scène, à même le sol, cigarette à la bouche et texte à la main.
La séance débute ainsi, par un long cri de la comédienne. Les quatre comédiens vont alors tour à tour investir la scène et improviser sur la base de textes selectionnés par Jean-François Peyret, extraits de Frankenstein de Mary Shelley. Les comédiens glissent dans la peau de personnages, passant indifféremment de l'un à un autre. Ils racontent des histoires, s'interpellent, se répondent, disparaissent puis réapparaissent... L'expérience proposée aux yeux des spectateurs est singulière et parfois déconcertante.
Face à eux, Jean-François Peyret et ses assistants écoutent, observent, notent les idées.
À l'issue de plus d'une heure d'improvisation ininterrompue, Jean-François Peyret sonne la fin de la session. Et c'est tout aussi discrètement qu'ils sont entrés que les spectateurs se retirent, tandis que les comédiens se rassemblent autour de Jean-François Peyet pour debriefer de cette séance de travail.
À l'étage, le groupe se réunit autour de Julie Valero, enseignante-chercheuse en arts de la scène et collaboratrice dramaturgique de Jean-François Peyret pour discuter ensemble du spectacle auquel ils viennent d'assister. "Durant les premiers jours de répétition, l'enjeu est principalement de faire fonctionner le collectif ", explique-t-elle. Ludivine, une spectatrice, est impressionnée par la manière évidente avec laquelle les comédiens travaillent déjà ensemble : "Il y avait vraiment une belle écoute entre eux, ça rebondissait bien et la circulation de parole était fluide." Ces sessions sont une période de créativité intense durant laquelle aucun principe dramaturgique n'est fixé et où les comédiens improvisent autour du thème de manière complètement libre. Elles nourrissent le processus créatif et le travail d'écriture et permettent au metteur en scène d'affiner le texte. Dans les répétitions successives, certaines improvisations reviennent spontanément de manière récurrente. "C'est comme une sélection naturelle qui s'opère dans le processus de création" explique Julie Valero.
Au cours des prochaines semaines de travail, les répétitions se feront progressivement plus structurées sur la base d'un texte devenu définitif. Au total 8 semaines de répétition sont prévues avant la première représentation qui aura lieu le 23 janvier à Lausanne.
Le Fablab Théâtre
Cette répétition ouverte s'inscrivait dans la cadre du Fablab Théâtre, un atelier proposé pour comprendre les processus de la création.Ce fablab a été mis en place en constatant la difficulté de certains publics à appréhender les formes les plus déstabilisantes et avant-gardistes de la création théâtrale contemporaine.
Il réunit un petit groupe de spectateurs volontaires (étudiants, personnels, habitants de l'agglomération) autour de différentes étapes de la création du spectacle "La Fabrique des Monstres ou Démesure pour mesure" mis en scène par Jean-François Peyret.
Tout au long du semestre 1, l'équipe artistique du projet partage les différentes étapes de construction du spectacle avec le groupe au cours de rencontres avec les artistes, de répétitions ouvertes et d'ateliers d'écriture.
Un livret du spectateur sera produit par le groupe, fruit de leur réflexion et de leurs échanges avec l'équipe artistique. Il accompagnera le spectacle lors de sa tournée.
Mis à jour le9 novembre 2017
Vous aimerez peut-être aussi
- The Conversation : "Vérité, liberté, démocratie : écoutons Spinoza plutôt que Poutine !"
- The Conversation : "Connaissez-vous le vrai James Bond ?"
- The Conversation : "Art contemporain : Tarek Atoui, passeur de vibrations"
- The Conversation : "Un roman du métissage dans la Grèce antique : « Théagène et Chariclée »?"
Partenaires
Il a obtenu le soutien financier de l'IDEX "Université Grenoble Alpes" en 2017.