Aujourd’hui, quand nous achetons un produit, que ce soit un vêtement, un parfum, un téléphone, nous arrive-t-il de nous demander d’où il vient, comment il a été produit, avec quelles conséquences sur l’environnement ? Non. La plupart du temps, nous choisissons selon quelques critères simples, à commencer par le prix, la marque, la qualité…
Épuisement des matières premières, déforestation, pollution, gaspillage, délocalisation, travail des enfants, notre consommation n’est cependant pas sans impacts environnementaux, économiques, sanitaires, sociaux… plus ou moins perceptibles, ici ou à l’autre bout du monde, maintenant ou bientôt. "Nous nous sommes laissés piéger dans un système où nous voulions de plus en plus consommer. Il fallait par conséquent que les prix baissent. Les entreprises ont ainsi fait des choix de production, des choix industriels, des choix logistiques pour que leurs produits soient moins chers" constate Jean-Luc Giannelloni, professeur de marketing à Grenoble IAE, et l’un des premiers chercheurs français à s’être intéressé à la consommation socialement responsable.
"Aujourd’hui, les entreprises sont accusées de faire de l’obsolescence programmée, c’est-à-dire de délibérément réduire la durée de vie de leurs produits pour nous inciter à racheter. Pourtant, les études montrent que dans l’immense majorité des cas, l’obsolescence n’est pas volontaire : elle n’est que la conséquence de ces choix faits par les entreprises pour baisser les prix. Ce n’est pas une volonté consciente de tromper le consommateur." Et voilà comment on arrive aujourd’hui à ce paradoxe : il est souvent moins cher d’acheter un nouveau produit que de le faire réparer… quand il n’est tout simplement pas irréparable.
"Le consommateur est responsable de cette situation. Si nous voulons des produits moins chers, il faut en assumer les conséquences : ils seront moins durables et probablement produits dans des conditions épouvantables" conclut le chercheur, avant d’ajouter plus optimiste : "Heureusement, il y a toujours eu des consommateurs qui étaient conscients de leur responsabilité sociale. Et leur proportion augmente aujourd’hui. Car une croissance infinie dans un monde fini, ce n’est pas possible, c’est vrai. Mais arrêter de consommer, ce n’est pas réaliste non plus. Notre seule alternative est de consommer différemment, de manière plus responsable. C’est la tendance qui est en train de se dessiner."
Constatant les excès de notre consommation, ses conséquences sur l’environnement et sur la société, nous pouvons finir par nous demander : n’est-il pas préférable d’arrêter tout simplement de consommer ? C’est en tout cas ce que prônent les adeptes de la décroissance. "La décroissance est une posture à la fois philosophique, politique et militante : c’est une révolte contre le gaspillage inhérent à la société de consommation. Définie très schématiquement en opposition à la croissance, elle ne résoudra rien. Il faut revenir aux questions fondamentales : quelles richesses produire ? Pour quels besoins ?" insiste Catherine Figuière, chercheuseà l'Université Grenoble Alpes au sein du Centre de recherche en économie de Grenoble (CREG). "Dans nos pays riches, tous les modèles, même celui de la décroissance, peuvent être envisagés. En revanche, ce modèle n’a pas de sens pour les 2/3 de la population mondiale qui ne voient pas leurs besoins fondamentaux satisfaits."
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