Les traces discrètes de l’art "olympique"

Culture Article
"Père et Fils" sculpture de Gregor Apostu © Fotolia
Soucieuse d’associer sports et culture, la municipalité grenobloise choisit d’intégrer des œuvres d’art dans toutes les réalisations liées aux Jeux.

Durant l’été 1967, Grenoble accueille donc le premier Symposium français de sculpture. Quelques mois avant l’ouverture des Jeux, quinze artistes travaillent dans les allées du Parc Mistral, réaménagé par la construction du nouvel Hôtel de Ville, mais aussi du Palais des Sports et de l’anneau de vitesse. Confrontant leur art au public, les sculpteurs réalisent des oeuvres monumentales en pierre, béton, bois, métal. Leurs quinze oeuvres deviennent propriété de la Ville. Urbanistes, paysagistes, architectes et artistes travaillent alors ensemble pour choisir le lieu où sera intégrée chaque sculpture. Bénédicte Chaljub, architecte et historienne de l’architecture, chercheure associée à l’École nationale supérieure d'architecture de Grenoble (ENSAG), rappelle le contexte : "C’était l’époque où l’on commençait à sortir les oeuvres du musée pour les mettre dans la ville faisant travailler des artistes de renom, avec l’idée de démocratiser l’art. La transformation de Grenoble qui s’opérait était extrêmement ambitieuse associant urbanisme, architecture et art."

Mais en 1967, cette démarche avant-gardiste engendre rapidement une polémique, relayée par la presse où une succession d’articles ironisent sur l’esthétique "douteuse" des acquisitions devant embellir Grenoble et le prix des œuvres. Si les Jeux détourneront tout aussi rapidement l’attention, les oeuvres sont pour la plupart toujours bien visibles dans Grenoble, sans être rattachées pour autant à cette période olympique. La sculpture de Maurice Lipsi, "Totem" de son vrai nom "Colonne olympique : ouverture dans l’espace", marque toujours l’entrée nord de la ville. Le Parc Mistral abrite encore les sculptures de Joseph Wiss, Maxime Descombin, Gregor Apostu et Gigi Guadagnucci, et le village olympique entre autres celles de Yasuo Mizui, Pierre Székély et Ivan Avoscan. "En 1968, la ville renouvelle les demandes d’oeuvres pour accompagner la construction des équipements publics subventionnés par les Jeux avec le 1%" ajoute Bénédicte Chaljub. Et c’est ainsi que la sculpture d’Alexandre Calder, "Les Trois Pics", viendra structurer le parvis principal de la gare.

Publié le29 janvier 2018
Mis à jour le29 janvier 2018