Françoise Papa est enseignante-chercheure au sein de l’UMR PACTE. Ses travaux portent notamment sur les problématiques sport & médias et la responsabilité sociale des médias.
"Le traitement télévisuel du sport de haut niveau masculin et féminin est très inégalitaire en terme de volume.
Les raisons du déséquilibre sont plurifactorielles mais il est d’abord à lier à la hiérarchie des sports qui place les sports collectifs masculins au top de la médiatisation. Ainsi, le football masculin, qui capte près de 80% de la valeur du marché des droits sportifs, est prédominant. Sur 161 disciplines dites de haut niveau en France, seule une quarantaine sont diffusées sur les chaînes de télévision nationales. Il faut toujours se replacer dans la perspective de ce qui anime les chaînes, c’est-à-dire l’audience au vu de leur mode de financement. Cependant, pour des sports plus confidentiels et avec moins d’enjeux financiers, comme le biathlon, la couverture média femme/homme est plutôt équilibrée. Ce n’est toujours pas le cas, malgré une présence quasi égale des hommes et des femmes, lors de compétitions internationales comme les Jeux Olympiques par exemple. Bien qu’en augmentation, le taux de présence à l’écran des sportives reste faible (autour de 20%).
Par ailleurs, l’inégalité de traitement des femmes et des hommes est aussi une affaire de discours. La manière dont on "raconte" le sport au féminin est très différente de celle dont on "raconte" le sport au masculin. Les chercheurs de l’Université de Cambridge qui, en 2016, ont analysé des bases de données de plusieurs milliards de mots provenant d’un large éventail de sources médiatiques, montrent que le langage relatif aux femmes dans le sport se concentre de façon disproportionnée sur l’apparence, les vêtements et la vie personnelle en mettant davantage l’accent sur l’esthétique que sur les performances athlétiques.
Nous procédons actuellement à l’analyse des commentaires des journalistes de France Télévisions lors des Mondiaux d’athlétisme de Londres 2017. France Télévisions est certes engagée dans une démarche "diversité" et promeut le sport féminin dans ses programmes, mais qu’en est-il du traitement médiatique de la diversité, notamment de genre ? Il faut ici rappeler que le journalisme sportif est un milieu majoritairement masculin qui cultive un entre soi viril et qu’une révolution serait aussi à opérer de ce côté-là.
Dans quelle mesure le sport féminin peut bénéficier d’autres leviers de diffusion que la télévision en direct ? De plus en plus d’images sont accessibles sur le web et sur les mobiles permettant de diffuser simultanément et en temps réel plusieurs épreuves quand la télévision doit faire un choix fatalement guidé par le potentiel de spectateurs. Cela peut contribuer à une meilleure exposition des épreuves et des athlètes féminines. Néanmoins, rappelons que seules 30% des vidéos sur la plateforme YouTube de France Télévisions dédiée aux Jeux de Rio étaient consacrées à des compétitrices. D’autres éléments pourraient faire pencher la balance : le coût élevé des droits de retransmission qui conduira certaines chaines à se tourner vers des disciplines moins médiatisées pour continuer à diffuser du sport, et la demande croissante de médiatisation des compétitions féminines de la part du public."
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