Les disciplines qui ne sont pas suivies par les médias
peinent à se développer et à attirer des sponsors, et
donc à intéresser les médias. Un cercle vicieux que
doit briser aussi le sport féminin.
"La médiatisation du football féminin est plus importante depuis quelques années" note Aïna Chalabaev "grâce entre autres à la professionnalisation de l’équipe de France féminine. Le niveau a augmenté, et les footballeuses ont brillé dans les compétitions internationales, alors qu’en parallèle, la Coupe du Monde 2010 en Afrique du Sud a été catastrophique pour l’équipe masculine."
Le foot féminin a donc été plus médiatisé et l’effet s’est aussitôt fait ressentir : "Le nombre de licenciées en particulier chez les minimes a augmenté de façon spectaculaire. Les filles ont pu s’identifier à des modèles féminins. Cela les a aidées à dépasser les stéréotypes." Pour autant, la couverture médiatique du sport féminin reste très faible par rapport à celle du sport masculin. Et le problème est autant quantitatif que qualitatif car les sportifs et les sportives ne sont pas traités de la même manière dans les médias.
"Nous avons épluché les magazines de snowboard sur deux années pour estimer la présence des hommes et des femmes" raconte Véronique Reynier. "Les différences ne se voient pas tout de suite car les femmes apparaissent beaucoup… mais dans les publicités. Au final, les femmes qui font du surf ne sont présentes que sur 0,75% de l’ensemble des photos. En revanche, les femmes seront davantage présentes en tant que groupies ou petites amies des surfeurs. En fait, ce sont vraiment des faire-valoir."
Alors pour exister médiatiquement, les sportives font aussi valoir leurs atouts et sont contraintes de rappeler qu’elles sont aussi des femmes. "Le tennis féminin a commencé à être vraiment médiatisé quand les joueuses se sont mises à porter des tenues sexy" rappelle Aïna Chalabaev. "On veut bien montrer des sportives mais à condition qu’elles restent conformes aux stéréotypes". Autrement dit, maquillage,coiffure, bijoux, manucure… Un exemple ? "Le premier geste des handballeuses lorsqu’elles sont devenues championnes du monde a été de remettre du rouge à lèvres, avant d’aller recevoir la coupe" se souvient Natalia Bazoge.
L’évolution du vêtement sportif traduit aussi l’évolution du regard porté sur le corps des sportives."Il n’y a pas si longtemps, on considérait encore que le corps des femmes n’était pas fait pour le sport" rappelle la chercheuse. "Le vêtement a donc été un moyen d’en masquer les transformations physiques, avec des robes longues et des jupes amples, tout en conservant les codes sociaux de la féminité. La pratique, l’entrainement, la musculation produisent des corps qui ne correspondent pas toujours à l’image sociale d’un corps «féminin» même si cela évolue. Alors au début, on a caché et aujourd’hui, on montre et on sexualise pour rappeler qu’on a bien affaire à des femmes" décrit Natalia Bazoge. "Il y a quand même eu une transformation du vêtement vers un équipement plus technique, plus pratique, plus adapté à la performance" nuance la chercheuse. Mais on peut s’interroger sur le sens de ces marques de féminité : "la jupe en tennis ou en badminton n’est pas vraiment plus adaptée que le short pour les femmes. Et pourtant, même à des niveaux de pratique loisir, les filles viennent en jupe. Il n’y a aucune raison à cela, à part l’esthétique et le respect d’un certain code social ancré dans l’activité."
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