Ils sont 8 étudiant-es de l’UGA à avoir lancé en avril un journal distribué dans les prisons de Varces et de Saint Quentin Fallavier. Cinq numéros ont déjà été distribués sur les plateaux-repas de plus de 700 détenus entre le 5 avril et le 15 mai 2020. Une belle initiative pour lutter contre le double confinement vécu dans les prisons… et qui devrait continuer dans le monde d’après !
JPSC, pour « Journal pas si confiné », est né d’un groupe d’étudiant-es déjà sensibilisé à l’univers carcéral pendant l’année universitaire 2019-2020. Tous inscrits à la rentrée dans une unité d’enseignement transversal « Détention et formation » initiée par Mireille Baurens, enseignante-chercheuse en anglais et chargée de mission détention à l’UGA, ils ont eu pour mission de préparer par binômes un atelier de deux heures à partager avec des détenus sur le thème des relations apaisées.
Souvent avec beaucoup d’appréhension et de stress, ils ont visité les locaux de la prison de Varces et rencontré en décembre leurs premiers détenus dans le cadre de leurs animations. « J’étais angoissée et stressée, plus la date de mon atelier approchait… » raconte Camille Borel, en 2e année de Licence de Psychologie. « Nous avons proposé un jeu de DIXIT et ils ont été hyper créatifs. Grâce à cette rencontre, mon regard sur les personnes emprisonnées a complètement changé. » poursuit-elle.
Adrien Boutonnet, en Licence 3e année d’anglais, avait préparé un atelier d’écriture qui finalement s’est transformé en débat autour de grandes questions : Comment pardonner ? Comment gérer sa colère ? « Maintenant quand j’écris pour le JPSC je visualise des visages, je sais pourquoi et pour qui j’écris, c’est ce qui est intéressant et motivant ».
Alicia Bouché, Licence 2 de psychologie a réussi aussi son atelier sur les parodies cinématographiques. « Ils ont joué le jeu… très concentrés pour faire la voix off de scènes mythiques de colère et nous avons partagé d’énormes fous rires dans une très bonne ambiance. » Pari réussi donc pour construire des relations apaisées !
Une première expérience inspirante et un confinement qui rapproche encore un peu plus…
Quand Mireille Baurens a sollicité en mars ces mêmes étudiant-es pour créer un projet pour les détenus pendant la période de confinement, ils ont tout de suite répondu présents. « L’expérience de notre propre confinement nous permettait de nous rapprocher, de faire un pas de plus vers les détenus que nous avions rencontrés. La proposition nous a vraiment semblé super intéressante… » commente Adrien. Et l’idée du journal est né. De format A5, le petit journal papier comprend 7 rubriques variées : de la cuisine à la culture et aux conseils de lecture, de radio, en passant par des chroniques de confinement et enfin des rubriques pour recueillir les témoignages et questions des détenus (voir best off en téléchargement en encadré). « Pour choisir les rubriques, nous nous sommes appuyés sur les centres d’intérêts qui étaient ressortis des ateliers de décembre : la culture, la religion ressortaient beaucoup… » indique Camille. « Nous voulions aussi développer le plus d’interactivité possible car nous avons rencontré des détenus qui avaient plein d’idées, d’où les rubriques ouvertes aux questions. Par contre, il faut nous adapter au règlement carcéral et pour l’instant nous n’avons pas encore eu de retours des détenus car les textes doivent être relus. » explique Alicia.
Un Journal qui dure dans le monde d’après…
Si les étudiant-es interrompent la publication de JPSC deux semaines pour pouvoir passer leurs partiels sereinement, ils ont bien l’intention de reprendre sur un rythme bimensuel la diffusion du JPSC jusqu’à fin juillet. Le journal sera diffusé aux détenus qui le souhaitent et qui en auront fait la demande pour limiter le nombre d’impressions. « Les moyens en prison sont limités, et pour l’instant les éditions ont été prises en charge par le Service pénitentiaire d’insertion et de probation (SPIP), dont la directrice a apprécié notre implication pendant le covid ; notre initiative a été très bien accueillie aussi par la directrice de la Maison d’arrêt » indique Mireille Baurens.
Fin août, le groupe des relations apaisées de l’UGA souhaite faire un séminaire pour réfléchir avec Mireille Baurens à l’avenir du JPSC. « Notre souhait serait qu’il devienne un journal mensuel co-construit avec les détenus » explique les étudiant-es qui sont prêts à mener leur engagement dans le cadre d’un nouvel ETC ou même à continuer bénévolement.
Belle expérience d’initiative étudiante de confinement qui transforme durablement le monde d’après en renforçant le lien entre les étudiants et le milieu carcéral.
pour partager le quotidien et les expériences de confinement des étudiants et personnels de l'UGA et pour découvrir les nombreuses initiatives qui permettent de cultiver la solidarité et l'entraide.
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