Historiquement, les femmes ont très tôt pratiqué le ski,
notamment grâce à une politique volontariste des stations
désireuses de les séduire, ainsi que leurs familles,
afin de développer le tourisme des sports d’hiver. Aujourd’hui,
le ski est donc une des pratiques sportives
les plus paritaires.
"Il y a à peu près 46% de femmes et 54% d’hommes" observe Véronique Reynier chercheuse au laboratoire Sport et environnement social (SENS). "Les sports de glisse, tels que le snowboard et le monoski, qui se sont développés en station à partir de la fin des années 70, ont quant à eux été largement investis par les hommes. Aujourd’hui, les femmes représentent moins du quart des snowboardeurs, proportion que l’on retrouve d’ailleurs dans la plupart des pratiques de glisse : surf, skate, windsurf, etc." précise la chercheuse.
Et cela peut surprendre que ces pratiques qui mettent en avant des caractéristiques généralement attribuées à la féminité, telles que l’esthétisme, la fluidité, l’agilité, soient finalement plus genrées. Comment expliquer cette "masculinisation" ? "Ce processus s’explique notamment par la mise en avant du risque que représenteraient ces pratiques" décrypte la chercheuse. "Quand le snowboard s’est développé, très rapidement la notion de risque est apparue. Du côté des stations, qui considéraient qu’il s’agissait d’une pratique dangereuse qu’il fallait exclure des domaines skiables, alors qu’aucune étude spécifique fiable ne permettait de conclure en sa plus grande dangerosité, mais également du côté des pratiquants. Lorsque la pratique du snowboard s’est «démocratisée», et qu’elle est donc devenue moins distinctive, c’est de nouveau en mettant en avant la question de la prise de risque que des styles de pratique, tels que le freeride et le freestyle, se sont développés."
Dans tous ces sports de glisse, la notion de prise de risque est centrale, même si elle est rarement évoquée en tant que telle puisque ce sont toujours les sensations qui sont mises en avant. Alors pourquoi n’y a-til pas plus de pratiquantes ? "Parce que la prise de risque est plus valorisée chez les hommes" assure Véronique Reynier. "Socialement, sur le plan identitaire notamment, ils vont en retirer plus de bénéfices que les femmes, chez qui cette prise de risque n’est pas une qualité attendue et peut même être dévalorisée."
Pour autant, chez les femmes qui pratiquent le freestyle (et qui ne représentent que 10% des pratiquants), les perceptions du risque et les comportements ne différent pas de ceux des hommes : "Le sexe n’est plus une variable différenciatrice alors que l’âge l’est, et le niveau d’expertise aussi" souligne la chercheuse. Alors pour elle, ce qui est intéressant à noter, c’est que : "ces pratiques qui n’étaient a priori pas masculines se sont finalement virilisées par le risque." Et les femmes en ont été ou s’en sont exclues, car comme le rappelle Aïna Chalabaev : "il n’y a pas les femmes victimes d’un côté et les hommes bourreaux de l’autre. Tout le monde participe à la transmission des stéréotypes."
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