En parapente, vélo et rando, Nicolas Plain a traversé les Alpes en 8 jours pour rendre compte du dérèglement climatique
Prendre de la hauteur
Nicolas Plain s'était donné deux semaines pour traverser les Alpes, il a accompli cet exploit sportif en seulement 8 jours, avec une météo pourtant peu favorable. Un périple de 1000 kilomètres, à travers la France, la Suisse, le Liechtenstein et l'Autriche, sans aucune émission de CO2, au gré du vent et à la force des mollets. Au-delà du défi, c'était aussi pour lui un travail de reconnaissance en préparation de la série de documentaires "Il faut sauver les Alpes" qu'il souhaite réaliser pour promouvoir une écologie positive et lutter ainsi contre le dérèglement climatique et la pollution.
Ce polytechnicien, parapentiste chevronné, soucieux de l'environnement, a créé en 2015 l'association "En l'air pour la Terre". Dans son parapente biplace, il embarque régulièrement des scientifiques, représentants d'associations, élus ou citoyens qu'il interviewe sur les effets du dérèglement climatique. "Le parapente nous permet vraiment d'avoir une vision de l'écologie, c'est-à-dire de l'interaction entre les activités humaines et leurs milieux. Donc de voir notre impact" explique-t-il.
Et pour parler de cet impact, au terme de "changement" ou de "réchauffement", Nicolas Plain préfère celui de "dérèglement " : "Parler de réchauffement climatique, c'est un peu minimiser le problème" fait-il remarquer. "La Terre n'a jamais connu une augmentation des températures aussi rapide et les écosystèmes n'ont pas le temps de s'adapter. C'est un véritable dérèglement de l'équilibre de notre planète auquel nous sommes confrontés."
Les Alpes en danger
Transformé en laboratoire volant, son parapente est également équipé de capteurs : "L'avantage, c'est qu'en parapente, on peut se déplacer verticalement et horizontalement pour faire des mesures de concentration en polluants dans les différentes couches de l'atmosphère" explique-t-il. De retour sur terre, il analyse ses données avec les chercheurs de l'Institut des géosciences et de l'environnement (IGE). En cartographiant en 3D la qualité de l'air, ils montrent ainsi que les polluants varient en nature et en concentration d'une vallée à l'autre, en fonction des activités humaines.
Et les effets de l'augmentation des gaz à effet de serre se font déjà fortement ressentir dans les Alpes. "Les montagnes sont des sentinelles du climat. Dans les Alpes, on voit déjà la fonte impressionnante de glaciers comme la Mer de Glace, mais aussi des écroulements en haute montagne dus au dégel du permafrost" déplore-t-il. "Mais il n'est pas trop tard. Un réchauffement global de 2° ou de 4,5° c'est complètement différent. À 2°, 18% des invertébrés disparaissent. À 4,5°, ce sera plus de 65% !".[1] Pour lui, il est donc encore temps d'agir : "Les effets peuvent être limités par chacun, des solutions existent" assure-t-il, confiant.
Une série de documentaires en tournage
Nicolas Plain s'est donc lancé dans la réalisation avec Ushuaïa TV, d'une série de documentaires baptisée "Il faut sauver les Alpes", dont le but est de faire connaître les moyens d'action à la portée de tous pour lutter contre le dérèglement climatique. Il s'est associé à Laurent Lichtenstein, créateur et réalisateur des émissions "Échappées belles" et "C'est pas sorcier" pour l'écriture et la réalisation. Pour la présentation, Il sera en binôme avec la glaciologue Heidi Sevestre, notamment présentatrice des émissions "Terres extrêmes".
"Dans ces documentaires, nous allons à la rencontre des femmes et des hommes qui proposent des solutions concrètes, locales, mais aussi réplicables pour lutter contre la pollution et le dérèglement climatique et ainsi préserver l'environnement" explique-t-il. "Ce que je veux, c'est donner des clés au spectateur pour qu’il se dise qu'il peut vraiment agir à son échelle, qu'elle soit individuelle, professionnelle ou associative."
Le premier épisode consacré à la pollution de l'air de Grenoble à Chamonix sera diffusé fin novembre. Les suivants seront tournés dans les Alpes mais aussi dans toute la France. La série sera aussi présentée en 2020 durant la semaine du cinéma positif au festival de Cannes.
Un doctorant très engagé et hyperactif
Parallèlement à ce projet, Nicolas Plain prépare une thèse en sciences du climat et de l'environnement. Il mène ses recherches à l'Institut des Géosciences de l'Environnement (IGE / OSUG – CNRS / Grenoble INP / IRD / UGA) et au laboratoire d'économie appliquée de Grenoble (GAEL – CNRS / Grenoble INP / INRA / UGA), sous la direction de Benoit Hingray et Sandrine Mathy, avec l’équipe développement durable de Schneider Electric.
Croisant les expertises des laboratoires et de l’entreprise, il travaille sur la "Transition énergétique en Afrique : enjeux techniques et économiques du développement de micro-réseaux d’électricité renouvelable non connectés". Son objectif : amener l’électricité de façon renouvelable au milliard de personnes qui en sont toujours privées, dans les zones rurales et isolées, notamment en Afrique Subsaharienne et en Asie du Sud-Est. Deux projets qu'il mène de front avec détermination : "Ce sont deux projets qui ont du sens pour construire ensemble un monde plus durable, ça me donne de l'énergie et de la motivation pour m’y investir pleinement."
Arrivée à Salsburg après 8 jours de traversée des Alpes : défi relevé pour Nicolas Plain.
Note
[1] Source : https://interactive.carbonbrief.org/impacts-climate-change-one-point-five-degrees-two-degrees/Mis à jour le27 avril 2022
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