Rio 2016 (2) : quel bilan sportif pour le Brésil ?

Société Article
Présentation du logo des JO de Rio en 2012. Phil Guest / Flickr, CC BY-NC-ND
Présentation du logo des JO de Rio en 2012. Phil Guest / Flickr, CC BY-NC-ND
Alors que les Jeux olympiques de Rio se sont achevés, et que les Jeux paralympiques vont débuter le 7 septembre, retour en trois volets sur cet événement marquant pour le Brésil.
Obtenir l’organisation des Jeux conduit à l’exigence de résultats. Pour ce faire, il faut y mettre les moyens (financiers, matériels, humains) et se fixer des objectifs à la fois réalistes et ambitieux. Ainsi, lorsque l’on regarde les dernières olympiades, on fait le constat d’une progression linéaire dans l’obtention des médailles pour le pays d’accueil.

Médailles obtenues aux JO d’été par le pays d’accueil à A0, A-4 et A-8. Michel Raspaud, Author provided


Ainsi, quatre ans avant l’organisation des JO, le pays d’accueil a réalisé des progrès numériques par rapport à l’olympiade précédente. Ceci signifie que l’attribution des Jeux, sept ans avant leur organisation, d’une part crée une motivation supplémentaire, et d’autre part conduit à mettre en place une politique en direction de l’élite et les résultats s’en trouvent déjà améliorés lors de l’olympiade suivante. Et, lors des Jeux accueillis, ces résultats sont encore meilleurs. On peut donc supposer qu’il en a été de même pour le Brésil.

Le Brésil dans les JO d’été jusqu’en 2012

La première participation brésilienne aux Jeux olympiques date de 1920 (Anvers), soit deux ans avant les célébrations de l’Indépendance, fêtes qui virent l’organisation (entre autres) des « Jeux du Centenaire ». Reconnus par le CIO, qui envoya un délégué pour accompagner l’événement, ils furent communément appelés « Jeux olympiques sud-américains de Rio de Janeiro ».

D’Anvers à Londres (2012), le Brésil a obtenu 108 médailles – ce qui est un total assez faible par comparaison aux grandes nations olympiques, soit « historiques » (Europe, Amérique du Nord, Australie, Nouvelle-Zélande…), soit plus « récentes », comme la Chine. Celle-ci a obtenu plus de médailles lors des seuls Jeux de Pékin que le Brésil lors de toutes ses participations jusqu’à et y compris 2008…

On comprend que le Brésil, malgré sa puissance démographique (plus de 200 millions d’habitants), soit loin de jouer dans la même catégorie que ces grandes puissances sportives, le football accaparant l’attention des médias et drainant l’argent du sponsoring et du marchandising.

Cependant, lors des dernières décennies, le Brésil a progressé en terme comptable dans les épreuves olympiques, puisque depuis Atlanta (1996), les Auriverde glanent systématiquement 10 médailles minimum (le record était de 8 à Los Angeles 1984).
 

Gains de médailles par le Brésil lors des cinq olympiades précédant Rio 2016. Michel Raspaud, Author provided


Les résultats de Pékin et Londres plaçaient le Brésil dans la même configuration que les nations répertoriées dans le Tableau 1. On pouvait donc s’attendre à une progression comptable lors de Rio 2016. Mais, avant d’analyser ces résultats, quelles étaient les ambitions annoncées ?

Les ambitions avant Rio : le Top 10 mondial

Dans son cahier spécial Olimpíada 2016 du 24 juillet, le quotidien O Estado de S. Paulo interrogeait Marcus Vinícius Freire, directeur des sports du Comité olympique brésilien. Celui-ci précisait qu’à Pékin et Londres, le Top 10 mondial se situait à 27-28 médailles, et qu’avec 24-25 médailles il était possible de l’intégrer.

Le journal était plus optimiste puisqu’il annonçait, en grosses lettres et chiffres, une délégation forte de 465 athlètes pouvant conquérir 27 médailles (8 or, 8 argent, 11 bronze) et s’insérer ainsi dans le Top 10 mondial. Par contre, dans son édition du 3 août, l’hebdomadaire pauliste Veja était plus mesuré, annonçant seulement 21 médailles (8 or, 10 argent, 3 bronze). Ces prédictions ont-elles été réalisées ?

Rio : un échec pour le Brésil ?

Suite aux résultats obtenus (19 médailles, dont 7 or, 6 argent et 6 bronze), on peut faire deux constats :

  • Le premier, positif, s’inscrit dans la logique du tableau 1 : comme tous les pays organisateurs ; le Brésil a progressé par rapport aux deux éditions précédentes ; toutefois l’ampleur de la progression le rapproche plus de la Grèce que des autres nations, vu la faiblesse du nombre de médailles supplémentaires (+2), même si le record de médailles d’or (5 à Athènes 2004) est battu.

  • Le second est un peu plus cruel : le Brésil n’intègre le Top 10 mondial ni en terme de total de médailles (12e ex-aequo avec les Pays-Bas, à 3 unités du Canada : 22), ni en terme de médailles d’or (13e ex-aequo avec l’Espagne, à une médaille des 9es ex-aequo : Italie, Australie, Pays-Bas, Hongrie : 8).

Et, parmi tous les pays qui le précédent, dans l’un ou l’autre tableau, hormis la Chine et les États-Unis, le Brésil est le plus peuplé.

Les médailles d’or sont-elles des surprises ?

Parmi les sept obtenues, O Estado de S. Paulo comme Veja, mais aussi A Tribuna (quotidien de Vitoria, Etat d’Espírito Santo) avaient pronostiqué la paire masculine de beach-volley Alison Cerruti/Bruno Oscar Schmidt tout comme la paire féminine de voile Kahena Kunze/Martine Grael, le football masculin, et le volley masculin qui retrouve ainsi son rang de numéro 1 mondial.

Robson Conceição (boxe masculine, poids léger) était envisagé avec l’argent.

Thiago Braz da Silva, le perchiste tombeur de Renaud Lavillenie, était donné comme « pouvant surprendre » par O Estado de S. Paulo (il avait d’ailleurs déjà surpassé le français lors d’un tournoi à Berlin en février dernier !)

En définitive, seule la judokate Rafaela Silva (57kg) était absente des pronostics émis par la presse que nous avons pu consulter lors de notre séjour brésilien de fin juillet/début août. Pourtant, la combattante de 24 ans avait glané, de 2011 à 2016, le total de 13 médailles dans les compétitions internationales, dont quatre médailles d’or individuelles ! Son origine, la favela Cidade de Deus, rendue célèbre par le film de Fernando Meirelles (2002), ou son homosexualité affirmée, en serait-elle la cause ?

Mais l’or du futebol surpasse tout

La passion du peuple brésilien pour le jeu de football faisait du tournoi olympique masculin un événement particulier. La polémique à propos du capitaine Neymar et sa propension à faire la fête, le départ poussif (deux nuls vierges pour commencer), ne présageaient pas une suite si favorable (victoires contre le Danemark, la Colombie et le Honduras sans encaisser de but et en en marquant 12).

Mais la finale contre l’Allemagne rappelait l’humiliation de la Copa 2014 (dont on se force à parler sur le mode de la dérision) : après 120 minutes et trois tirs allemands sur la barre, c’est finalement le gardien Weverton (appelé de dernière minute pour remplacer le titulaire blessé) qui réalise l’arrêt décisif lors de la séance des tirs au but et permet à Neymar d’apporter le seul titre qui manquait au football masculin.

Alors, les Jeux sont réussis !

La version originale de cet article a été publiée sur The Conversation le 1er septembre 2016.
Publié le1 septembre 2016
Mis à jour le8 février 2017