"Serons-nous à la hauteur des machines ?"
Le point de vue de Thierry Ménissier
Société
Article
Thierry Ménissier est philosophe et enseignant-chercheur à l'Université Grenoble Alpes dans l’équipe Philosophie pratiques & langages et à Grenoble IAE, l’Institut d’administration des entreprises, où il encadre le master Management de l’innovation. Ses travaux portent notamment sur les questions d’innovation et de progrès.
"Qui décide aujourd’hui de la valeur des choses ? Les traders ? Non, ce sont les algorithmes. La valeur d’une entreprise dépend d’algorithmes. Qu’on le veuille ou non, la décision experte, longtemps monopole de l’humain, tend aujourd’hui à échapper à ce dernier. La robotique nous fait entrer dans l’ère de la décision assistée et remet en question la responsabilité humaine. En nous offrant la possibilité d’alléger la responsabilité, les machines vont nous priver d’une capacité effective de choix. C’est pourquoi la créativité et l’inventivité sont pour moi très importantes.
Aujourd’hui où tout est régi par des systèmes experts, il faut stimuler l’improvisation, et grâce à elle, l’inventivité humaine. Il y aura, de manière pleine et entière, intelligence de la machine quand elle inventera des formes d’art qui nous extasieront et qu’on ne saura pas que c’est une machine qui les a inventées (d’ailleurs, une machine a récemment passé avec succès le test de Turing qui sert ici de critère). Alors nous pourrons dire qu’une forme d’égalité est réalisée entre l’Homme et la machine. Ce qui ne veut pas dire que l’humain n’aura pas sa place. L’humain doit travailler à conserver pleinement sa place dans une société assistée par les machines.
On peut aussi dire qu’un des problèmes majeurs aujourd’hui réside dans l’évolution des relations humaines. Et par ailleurs, une certaine inquiétude vient de ceci que ce sont les humains qui ne sont pas au niveau de performances déjà atteint par des machines. Regardez ! Certains tests établissent qu’en matière automobile, elles conduisent mieux que nous. Il y a moins d’accident avec les voitures autonomes, c’est statistiquement établi. Il y a une réalité de la technologie qui dépasse largement les capacités humaines. Nous pouvons vivre dans un monde plus heureux, pacifié, harmonieux, mais encore faut-il que l’on repense nos structures héritées, nos communautés fermées, nos clivages, notre instinct de domination. En serons-nous capables ?"
Aujourd’hui où tout est régi par des systèmes experts, il faut stimuler l’improvisation, et grâce à elle, l’inventivité humaine. Il y aura, de manière pleine et entière, intelligence de la machine quand elle inventera des formes d’art qui nous extasieront et qu’on ne saura pas que c’est une machine qui les a inventées (d’ailleurs, une machine a récemment passé avec succès le test de Turing qui sert ici de critère). Alors nous pourrons dire qu’une forme d’égalité est réalisée entre l’Homme et la machine. Ce qui ne veut pas dire que l’humain n’aura pas sa place. L’humain doit travailler à conserver pleinement sa place dans une société assistée par les machines.
On peut aussi dire qu’un des problèmes majeurs aujourd’hui réside dans l’évolution des relations humaines. Et par ailleurs, une certaine inquiétude vient de ceci que ce sont les humains qui ne sont pas au niveau de performances déjà atteint par des machines. Regardez ! Certains tests établissent qu’en matière automobile, elles conduisent mieux que nous. Il y a moins d’accident avec les voitures autonomes, c’est statistiquement établi. Il y a une réalité de la technologie qui dépasse largement les capacités humaines. Nous pouvons vivre dans un monde plus heureux, pacifié, harmonieux, mais encore faut-il que l’on repense nos structures héritées, nos communautés fermées, nos clivages, notre instinct de domination. En serons-nous capables ?"
Publié le14 novembre 2016
Mis à jour le29 mai 2017
Mis à jour le29 mai 2017
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