L’accueil et la formation des soldats américains à Grenoble au début du XXe siècle : entre tradition et opportunité historique
Campus
Article
À l’occasion de la visite d’état du président Macron aux États-Unis du 23 au 25 avril 2018, l’Université Grenoble Alpes met en lumière les liens historiques qui ont fédérés ces deux pays alliés dès le début du siècle, notamment à travers l’accueil et la formation des soldats américains. Une plongée dans l’histoire et les archives de l’université.
Une université tournée vers l’international
En 1896 le Comité de Patronage des Étudiants Étrangers (CPEE) constitué d’un groupe de personnalités issues du monde universitaire, politique et industriel de Grenoble, décide de créer un centre d'enseignement du français à destination d’un public étranger. Le fondement de ce centre repose alors sur l'accueil des familles et des salariés émigrés établis et travaillant à Grenoble. En effet, à cette époque, la découverte de la Houille Blanche assure l’industrialisation rapide de la région qui entraine un fort besoin de main d'œuvre.Il s'agit de l'ancêtre du Centre universitaire d’études françaises (CUEF) de Grenoble que nous connaissons actuellement comme un lieu d’échanges et de rencontres de renommée mondiale et qui a su acquérir et maintenir sa position d’établissement d’excellence pour l’enseignement du Français Langue Étrangère (FLE).
Une tradition d’accueil des ressortissants américains
Dès l’ouverture des cours de langue française par le CPEE, on compte parmi les inscrits des Américains et en tout, 731 étudiants venus de l’Amérique du Nord ont été accueillis entre 1897 et 1913 .À la même époque, l’Université de Grenoble bénéficie des relations fructueuses instaurées entre l’université de la Sorbonne à Paris et Harvard University, en accueillant des conférenciers américains de renom, enseignants à l’université de Harvard et en séjour en France. Cette coopération internationale au sein du corps enseignant fait date aux alentours de 1909, lorsque Frank C. Chalfant, professeur américain venu étudier le français durant l’été, découvre les techniques d'enseignement innovantes de l'époque par le biais du laboratoire de phonétique, avec par exemple l'utilisation de phonographes pour l'étude des langues étrangères.
De retour aux USA, il est le premier à importer dans son pays cette innovation technologique dans le domaine de la phonétique et de la physiologie de la parole appliquée à l’enseignement de la langue française et fait installer à la Washington State University en 1911 un laboratoire de langues. Le premier aux États-Unis !
Une opportunité historique : la formation des soldats-étudiants américains démobilisés dans l’après-guerre
La richesse de ces relations franco-américaines, déjà bien implantées au début du XXe siècle, n’a cessé de perdurer même pendant les périodes difficiles comme la 1re Guerre Mondiale. Comme l’indique un rapport du CPEE datant de 1919 : "L’une des missions auxquelles, depuis vingt-deux ans, se consacre l’Université de Grenoble, est de faire participer un grand nombre d’étrangers à la vie universitaire française. […] Même durant la guerre, [l’Université de Grenoble] n’a pas renoncé à ce genre d’activité ; dans la mesure où le permettaient les circonstances, elle s’est dépensée sans réserve en faveur de jeunes gens appartenant à des nations alliées ou amies de la France. Un tel passé imposait à l’Université dauphinoise d’ouvrir toutes grandes ses portes aux officiers et aux soldats américains qui, accourus sur notre sol en champions du droit, profitent de leur séjour en France pour développer leur culture française."Et afin d’accueillir ces étudiants étrangers dans les meilleures conditions et de répondre à leurs besoins, le CPEE offre un enseignement spécial qui "loin de s’interrompre à la fin de l’année scolaire, continue avec une intensité accrue et une ardeur nouvelle pendant toutes les grandes vacances du 1er juillet au 31 octobre." C’est la tradition de ce que l’on nomme l’école ou l’université d’été.
Dès la fin de la guerre, dans le rapport annuel du CPEE de 1918, on relève une information qui mérite d'être également mentionnée : "La démobilisation de l'armée américaine qui, selon les prévisions du gouvernement des États-Unis, sera échelonnée sur une assez longue période, laissera en France, pendant un an ou dix-huit mois, plusieurs milliers de jeunes gens qui, ou bien ont déjà commencé des études universitaires, ou bien se proposent de s'y consacrer. Or il entre dans les intentions du gouvernement américain de profiter du séjour de ces jeunes gens en France pour leur faire poursuivre leurs études supérieures dans notre pays et les initier aux méthodes de l'enseignement universitaire français". Les archives du CPEE fourmillent d’informations sur ce lien franco-américain solide, cette tradition d’accueil et de transmission de la langue et de la culture française auprès des étudiants américains qui perdure au-delà de la 2nde Guerre Mondiale.
Une Alumni célèbre
Parmi tous ces étudiants américains formés à la langue française, figurent aussi quelques illustres noms. Comment ne pas citer en effet le passage de Jacqueline Kennedy-Onassis (née Jacqueline Lee Bouvier), Première dame des États-Unis de 1961 à 1963 sur les bancs de notre université. Inscrite en 1949 à un programme d'études aux États-Unis, elle part étudier en France, où elle suit d'abord un cours intensif de français proposé par l'Université de Grenoble, avant de poursuivre ses études à la Sorbonne à Paris où elle approfondit ses connaissances en culture française principalement dans les domaines de la littérature, de l'histoire et de la philosophie.Un lien fort toujours actuel
De nos jours, la collaboration entre les établissements américains et notre université reste toujours très marquée avec une dizaine de partenariats instaurés auprès des universités suivantes :- Université de Boston
- Illinois state university
- Université de Williamsport
- Samford university
- Seattle university
- Calvin college
- Université de l’UTAH
- Université de Michigan
- Université de Panrimo
- Lycoming college
Aujourd'hui l'Université Grenoble Alpes est à la fois résolument ouverte sur le monde et ancrée dans son territoire ; forte de partenariats riches et variés, elle porte l’international au cœur de sa vision et de ses valeurs. Sa tradition d’accueil, d’innovation et d’ouverture par-delà les frontières vient appuyer une politique de formation ambitieuse, favorisant un accueil de qualité des publics internationaux ainsi qu’un soutien à la mobilité pour ceux souhaitent vivre une expérience à l’international.
Publié le23 avril 2018
Mis à jour le25 avril 2018
Mis à jour le25 avril 2018
Vous aimerez peut-être aussi
- Lancement de l’opération immobilière "Pôle de l’éducation" sur le domaine universitaire
- Rentrée universitaire 2020 : l’UGA prévoit des dispositifs d’accueil adaptés à la crise sanitaire
- Idées@UGA et Graduate School : l’UGA remporte deux nouveaux appels à projets du Programme investissements d’avenir
- Classement thématique de Shanghaï 2020 : l’UGA dans le peloton de tête des universités françaises