Les étudiants de pharmacie mobilisés en officine pour faire face à la crise sanitaire
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Rattrapés par la pandémie de Covid-19 lors de leur stage de fin d’études, les étudiants de pharmacie de la filière officine de l’Université Grenoble Alpes sont au cœur de la gestion de la crise sanitaire. Un engagement sur le terrain et au quotidien dans les pharmacies de ville.
Chaque année une quarantaine d’étudiants de la Faculté de pharmacie de l'UGA effectuent leur stage de fin d’études en officine dans l’un des cinq départements de l’académie de Grenoble. Pour ces étudiants de 6e année qui se destinent à travailler en pharmacie de ville, ce stage de 6 mois est l’une des dernières étapes avant le début de leur carrière professionnelle.
En officine depuis fin novembre pour apprendre et partager l’expérience de leurs pairs, la pandémie de Covid-19 a complétement bouleversé les conditions de leur stage. "Au départ, nous sommes à la pharmacie pour appendre, pour compléter notre formation. Nous sommes là en plus de l’équipe officinale et actuellement nous sommes un véritable renfort (…), on a le sentiment d’être encore plus utiles dans cette période de crise", déclare Victoria Gianese qui sera bientôt pharmacienne.
Si la crise sanitaire a conduit à une baisse d’activité significative, "nous avons eu un afflux de patients paniqués lors des premiers jours du confinement et nous avons doublé la fréquentation jour de la pharmacie", rappelle Aylin Cenkciler en stage dans une officine de l’agglomération grenobloise. Ces premiers jours ont été aussi ceux de la mise en place des mesures de protection sanitaire pour les patients et les personnels*. Pour Gilles Berthail comme pour Edith Schir, pharmaciens titulaires et maîtres de stage, cette période de réorganisation a été stressante. Les premières mesures particulièrement strictes ont d’abord créé de l’angoisse mais ils ont su rapidement s’adapter même si les conditions de travail restent éprouvantes.
Pour les pharmaciens comme pour tous les stagiaires, la rupture de gel hydro-alcoolique ou de masques a été usante : "près d’une personne sur deux venait pour cela" rappelle Léa Lapouge pour qui "le plus dur est de répéter toujours la même chose, de gérer l’incompréhension et parfois l’agressivité de gens". Si, comme pour les autres étudiants, cette crise ne lui permet d’aborder toutes les activités prévues dans son stage, cette situation exceptionnelle est l’occasion d’apprendre d’autres choses comme justement la fabrication de gel hydro-alcoolique lors des premières semaines**. "C’est très formateur. Il faut penser à plein de choses : la réglementation, l’étiquetage, la gestion et la priorisation des stocks, la gestion de la crise face aux patients…"
Les pharmacies sont aussi étroitement associées à la gestion de crise à travers le renouvellement pour un mois des prescriptions, la dispensation contrôlée du paracétamol ou encore le dispositif "Masque 19" contre les violences conjugales. "Nous avons un rôle de service public et on est ravis de le faire", déclare Edith Schir.
De tous les professionnels de santé, le pharmacien est celui qui est le plus facilement accessible. "Au contact de la population et des malades, nous avons un rôle d’intermédiaire, un rôle médico-social que l’on assume depuis toujours mais qui est mis en évidence par cette crise", complète Gilles Berthail. Pour Victoria Gianese encore en stage,"beaucoup de patients viennent à la pharmacie parce qu’ils ont confiance en l’équipe officinale. La pharmacie permet de relayer les informations officielles". Dans ce contexte de crise, les liens avec les professionnels de santé, et notamment avec les médecins, se sont renforcés. "On sait que l’on peut beaucoup plus les solliciter, et réciproquement, quand ils viennent chercher des masques ou du gel hydro-alcoolique ou par téléphone", constate Léa Lapouge en stage à Grenoble.
Pour elle comme pour tous les autres stagiaires, ce qui a le plus changé c’est le nombre de prescriptions reçues par courriel ou par téléphone. Un mode de transmission qui nécessite d’ajuster le travail de validation pharmaceutique. "Nous préparons énormément d’ordonnances transmises directement par les médecins ou par les patients eux-mêmes. Ces derniers viennent juste retirer leur commande ou d’autres personnes viennent récupérer les médicaments à leur place quand ils ne peuvent se déplacer." Alors qu’elle assure plusieurs fois par semaine des livraisons de médicaments aux domiciles de personnes âgées ou de malades, Léa Lapouge regrette que ces conditions limitent d'autant les échanges dont elle a l’habitude avec les patients.
Pour tous les maîtres de stage, la présence des étudiants de 6e année de pharmacie en cette période de crise sanitaire est une chance et ce stage de fin d’études plus que jamais une forme de "compagnonnage". Pour Marielle Monaton, pharmacienne titulaire près de Grenoble, il s’agit d’un véritable échange : "On transmet nos compétences professionnelles, notre expérience de comptoir au contact des patients, celle de la gestion d’une officine, et eux nous apportent leurs connaissances théoriques, les dernières nouveautés acquises à l’Université."
Et Muriel Rey de conclure : "Un peu de jeunesse dans cette ambiance et dans nos équipes fait vraiment du bien !"
* La sécurité des étudiants a été au cœur des soucis du suivi de l’équipe universitaire en charge de la filière Officine (Béatrice Bellet, Jean-Didier Bardet, Pr Benoît Allenet).
** Par la suite, cette production a été coordonnée par le service de Pharmacotechnie de la pharmacie du CHU de Grenoble. En savoir plus.
En officine depuis fin novembre pour apprendre et partager l’expérience de leurs pairs, la pandémie de Covid-19 a complétement bouleversé les conditions de leur stage. "Au départ, nous sommes à la pharmacie pour appendre, pour compléter notre formation. Nous sommes là en plus de l’équipe officinale et actuellement nous sommes un véritable renfort (…), on a le sentiment d’être encore plus utiles dans cette période de crise", déclare Victoria Gianese qui sera bientôt pharmacienne.
Se réorganiser pour répondre à l’urgence sanitaire
Alors que les pharmacies de ville doivent souvent fonctionner en effectifs réduits pour cause de garde d’enfants, d’arrêt maladie, de chômage partiel, ou en raison des mesures de protection, les étudiants stagiaires sont rapidement devenus des membres à part entière des équipes. "Léa a été super parce qu’elle s’est vraiment adaptée à nos contraintes et on a pu combiner avec elle un emploi du temps qui pouvait changer selon les semaines. Bientôt diplômée, elle est vraiment très opérationnelle", se réjouit Muriel Rey, maître de stage de Léa Lapouge qui ajoute : "On tourne avec l’équipe, on est dans les plannings. C’est bien, on est dans le vif du sujet !"Si la crise sanitaire a conduit à une baisse d’activité significative, "nous avons eu un afflux de patients paniqués lors des premiers jours du confinement et nous avons doublé la fréquentation jour de la pharmacie", rappelle Aylin Cenkciler en stage dans une officine de l’agglomération grenobloise. Ces premiers jours ont été aussi ceux de la mise en place des mesures de protection sanitaire pour les patients et les personnels*. Pour Gilles Berthail comme pour Edith Schir, pharmaciens titulaires et maîtres de stage, cette période de réorganisation a été stressante. Les premières mesures particulièrement strictes ont d’abord créé de l’angoisse mais ils ont su rapidement s’adapter même si les conditions de travail restent éprouvantes.
Pour les pharmaciens comme pour tous les stagiaires, la rupture de gel hydro-alcoolique ou de masques a été usante : "près d’une personne sur deux venait pour cela" rappelle Léa Lapouge pour qui "le plus dur est de répéter toujours la même chose, de gérer l’incompréhension et parfois l’agressivité de gens". Si, comme pour les autres étudiants, cette crise ne lui permet d’aborder toutes les activités prévues dans son stage, cette situation exceptionnelle est l’occasion d’apprendre d’autres choses comme justement la fabrication de gel hydro-alcoolique lors des premières semaines**. "C’est très formateur. Il faut penser à plein de choses : la réglementation, l’étiquetage, la gestion et la priorisation des stocks, la gestion de la crise face aux patients…"
En stage de fin d’études en officine, Aylin Cenkciler fait partie avec les pharmaciens d’un maillon essentiel dans la prise en charge des patients.
Un rôle de proximité et de santé publique
Pour tous les stagiaires, l'écoute, le conseil et l'analyse de la prescription restent au cœur de leurs activités afin d’optimiser et de sécuriser la délivrance du traitement au patient. En cette période de crise, une vigilance supplémentaire est cependant nécessaire pour valider des prescriptions plus nombreuses et plus complexes alors que de nouvelles missions de santé publique sont apparues : "Depuis la mi-mars, les officines assurent la distribution aux professionnels de santé des masques issus du stock d’État ; nous avons également distribué bénévolement des kits d’équipements pour les infirmiers", précise Marine Trarieux en stage à Seyssinet-Pariset.Les pharmacies sont aussi étroitement associées à la gestion de crise à travers le renouvellement pour un mois des prescriptions, la dispensation contrôlée du paracétamol ou encore le dispositif "Masque 19" contre les violences conjugales. "Nous avons un rôle de service public et on est ravis de le faire", déclare Edith Schir.
De tous les professionnels de santé, le pharmacien est celui qui est le plus facilement accessible. "Au contact de la population et des malades, nous avons un rôle d’intermédiaire, un rôle médico-social que l’on assume depuis toujours mais qui est mis en évidence par cette crise", complète Gilles Berthail. Pour Victoria Gianese encore en stage,"beaucoup de patients viennent à la pharmacie parce qu’ils ont confiance en l’équipe officinale. La pharmacie permet de relayer les informations officielles". Dans ce contexte de crise, les liens avec les professionnels de santé, et notamment avec les médecins, se sont renforcés. "On sait que l’on peut beaucoup plus les solliciter, et réciproquement, quand ils viennent chercher des masques ou du gel hydro-alcoolique ou par téléphone", constate Léa Lapouge en stage à Grenoble.
Pour elle comme pour tous les autres stagiaires, ce qui a le plus changé c’est le nombre de prescriptions reçues par courriel ou par téléphone. Un mode de transmission qui nécessite d’ajuster le travail de validation pharmaceutique. "Nous préparons énormément d’ordonnances transmises directement par les médecins ou par les patients eux-mêmes. Ces derniers viennent juste retirer leur commande ou d’autres personnes viennent récupérer les médicaments à leur place quand ils ne peuvent se déplacer." Alors qu’elle assure plusieurs fois par semaine des livraisons de médicaments aux domiciles de personnes âgées ou de malades, Léa Lapouge regrette que ces conditions limitent d'autant les échanges dont elle a l’habitude avec les patients.
Pour tous les maîtres de stage, la présence des étudiants de 6e année de pharmacie en cette période de crise sanitaire est une chance et ce stage de fin d’études plus que jamais une forme de "compagnonnage". Pour Marielle Monaton, pharmacienne titulaire près de Grenoble, il s’agit d’un véritable échange : "On transmet nos compétences professionnelles, notre expérience de comptoir au contact des patients, celle de la gestion d’une officine, et eux nous apportent leurs connaissances théoriques, les dernières nouveautés acquises à l’Université."
Et Muriel Rey de conclure : "Un peu de jeunesse dans cette ambiance et dans nos équipes fait vraiment du bien !"
* La sécurité des étudiants a été au cœur des soucis du suivi de l’équipe universitaire en charge de la filière Officine (Béatrice Bellet, Jean-Didier Bardet, Pr Benoît Allenet).
** Par la suite, cette production a été coordonnée par le service de Pharmacotechnie de la pharmacie du CHU de Grenoble. En savoir plus.
Publié le24 avril 2020
Mis à jour le29 avril 2020
Mis à jour le29 avril 2020
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Contacts
Miche Sève
Doyen de la Faculté de pharmacie
doyen.pharmacie@univ-grenoble-alpes.fr
Benoît Allenet
Responsable de la filière Officine
BAllenet@chu-grenoble.fr
Doyen de la Faculté de pharmacie
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Benoît Allenet
Responsable de la filière Officine
BAllenet@chu-grenoble.fr
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